« […] Le travail de clown est un travail éminement corporel. Le clown, dans la mesure de ses possibilités, court-circuite le « mental » et met en corps ce qu’il vit. Il passe par l’émotion, qui est enracinée dans le corporel.
[Les 12, 13, 14, 15 et 16 mars], nous [avons revisité] grâce à lui les concepts de C. Rogers, d’empathie (le clown a une grande empathie envers les personnes et les objets. Par contre… il n’a pas toujours la bonne distance ou plutôt la juste proximité) ; de congruence (ce que l’on appelle l’état de clown qui essaie de tendre vers un haut degré de conscience de ce qui circule en lui concernant l’énergie, les affects, les émotions, les sensations), et d’accueil inconditionnel (le clown ne craint pas d’être jugé par les autres, il accepte toujours ce que son partenaire de jeu propose sans, pour autant, se limiter lui-même (C’est la règle du « oui et »- et non du « oui mais ! » )Il porte un regard neuf, toujours renouvelé, à la fois naïf (mais pas niais) et pénétrant sur ce qu’il rencontre et vit avec l’autre.
Enfin, le parallèle entre la disponibilité de l’acteur-clown et du praticien de la relation d’aide est évident :
Avant d’improviser, l’acteur doit se sentir à la fois vide et disponible envers « ce qui va venir ». Vide, afin de ne pas élaborer à l’avance des plans et disponible envers tout ce qui pourra se présenter comme images, impulsions, envies, émotions.
Tout se passe comme si on renonçait à contrôler mentalement la marche des choses. Il ne s’agit donc pas d’un vide résigné ou paralysant, mais d’un vide actif, tonique et chargé d’appétit, ce vide créateur de toute chose…
Le clown ne naît pas sur la scène. Lorsqu’il apparaît sur celle-ci, il vient de quelque part et lorsqu’il quitte la scène, il s’en va quelque part…
Cela signifie qu’il vit dans la ville, quelquefois en campagne… Parfois, il retrouve ses amis au pays des clowns.
Et lorsque nous avons la chance de le voir sur scène, c’est qu’il passait par là avec un message à nous délivrer…
Le clown est un super-héros, au même titre que Superman ou Spiderman. A l’instar de Clark Kent (alias Superman), lorsque le besoin s’en fait sentir, il peut entrer dans une cabine téléphonique, mettre son nez et venir nous aider.
Car une des fonctions sociales du clown est de révéler aux êtres humains… leur humanité et la possibilité qui existe d’être toujours un peu plus… humain. » Chantal Lainé et Claude Vesin, praticien de la relation d’Aide et formateur en clown théâtre.