L’ancrage du coaching dans notre culture nous parle de la difficulté de l’individu moderne à être à la hauteur de l’idéal d’émancipation qu’il s’est lui-même fixé au seuil de la modernité. […] L’objectif du coach n’est pas de se mettre à l’écoute des affects mais de « gérer » des émotions. […] Cette démarche d’accompagnement dans la découverte de ses motivations latentes s’accomplit à la faveur d’une forme réactualisée de maïeutique socratique. Selon cette méthode, le coach n’enseigne rien à son client mais l’aide à trouver en lui-même les solutions à ses problèmes personnels ou professionnels. L’accouchement psychique suit trois étapes : le questionnement, l’écoute bienveillante et la reformulation des propos du coaché en vue de créer un effet miroir. […] Le succès du coaching tient d’abord au fait qu’il répond à la solitude existentielle de l’individu contemporain en intégrant à son offre managériale des problématiques spirituelles telles que la quête du sens de la vie. Ces questions qui étaient jusqu’alors refoulées hors de la sphère socio-professionnelle ont été prises en compte dans la démarche d’accompagnement du coaching. […] La maïeutique du coaching est donc plus qu’un accouchement de solutions pragmatiques en vue de résoudre tel ou tel problème ponctuel ; elle s’inscrit dans une visée ontologique. Elle est un éveil à soi, une voie initiatique et un cheminement intérieur vers ce que l’on est au plus profond de soi-même. (Article de Pierre Le Coz « Le coaching, un symptôme de fragilité du lien social » paru dans la revue Études d’avril 2015)