Sur le marché de l’accompagnement professionnel, où les formations à des outils (tests/modèles/approches) sont chaque jour plus nombreuses, il pourrait être tentant d’allonger sa liste de certifications, pour se rassurer sur sa valeur professionnelle et asseoir sa crédibilité auprès de prescripteurs RH. Quand il n’est pas ‘cosmétique’, le choix que l’on fait en tant que coach de se former à tel outil plutôt que tel autre, auprès de telle école plutôt que telle autre, témoigne de notre cheminement intérieur et des convictions profondes qui nous animent dans la pratique du coaching. Ces choix parlent de notre identité mais ne suffisent pas à la définir. L’expérience, l’analyse que l’on en fait en temps réel puis a posteriori, les personnes que l’on choisit pour nous aider à en tirer des apprentissages utiles pour ajuster notre posture de coach et continuer à se développer personnellement, participent également, sinon plus, de cette identité.
Capitaliser sur l’expérience pour ajuster sa posture, nécessite d’être accompagné par des personnes engagées, compétentes et capables de créer les conditions d’une relation authentique et modélisante. Des professionnels aguerris qui bénéficient d’une bonne longueur d’avance sur les problématiques traitées en séance, mais suffisamment à l’aise avec l’imprévu pour lâcher leurs certitudes et s’aventurer sur le chemin choisi par la personne pour opérer un changement significatif et durable.
J’ai choisi d’être accompagnée par de telles personnes qui m’encouragent sur ce chemin et m’aident à contacter la part d’universalité en moi, celle qui me permet de rejoindre mes coachés dans ce qu’ils traversent sans avoir nécessairement fait l’expérience de ce qu’ils sont en train de vivre. Nos satisfactions, nos déceptions se rejoignent dans ce qu’elles ont de profondément humain : être traversé par des émotions qui parlent de nos besoins, attentes, projections et de la tentation permanente d’aller chercher à l’extérieur de soi ce qui ne peut venir que de l’intérieur.
Il me semble que c’est l’attention portée à soi, quotidiennement, qui fait la qualité du coach. Elle requiert discipline et humilité, ténacité et bienveillance vis-à-vis de soi, et une foi sincère dans la nature humaine. Ne rien lâcher, surtout ne rien lâcher car chacun a le potentiel en soi de se développer et d’accéder à ses rêves. Fidèle disciple de Carl Rogers, j’ai profondément confiance en l’Homme et chaque jour mes coachés me confortent dans cet optimisme. C’est en accueillant leur colère, frustration, tristesse, rancœur, … en la nommant pour les aider à s’en dissocier, que je leur permets de sortir de la confusion et qu’ensemble nous pouvons travailler sur ce qui se joue pour eux dans la relation. Avoir foi dans l’Homme et la conviction qu’il a en lui tout le potentiel pour réussir, c’est être en contact avec sa puissance et lui permettre de retrouver, s’il l’avait perdu, accès à ses ressources, pour dépasser les obstacles qui se présentent à lui.
Aucun outil ne peut se substituer aux convictions profondes du coach. Réduire le coaching à une succession d’approches toutes plus innovantes les unes que les autres, présente le risque d’enfermer les individus dans des cases et d’entretenir l’illusion de pouvoir rendre les évènements prévisibles et donc contrôlables. Cela reviendrait à méconnaître la complexité de l’homme plutôt que de faire avec en acceptant de ne pas tout comprendre. C’est dans l’émergence, dans ce qui arrive et qu’on n’avait pas forcément prévu que les situations se dénouent, les insights se révèlent. L’émergence crée de la surprise chez le coaché. Elle l’aide à dépasser les certitudes qu’il a sur lui-même, à s’envisager avec toutes ses potentialités et s’autoriser à aller de l’avant.